Commémoration de la rafle des familles juives du 26 août 1942
- Philippe BERG
- 28 août
- 3 min de lecture

Grenoble se souvient, 83 ans après
Le 26 août 1942, à Grenoble, des familles juives- des parents, des enfants- furent arrêtées par la police française sur ordre du gouvernement de Vichy.
Mardi 26 août 2025, à l’invitation du maire de Grenoble et du conseil municipal, habitants, associations mémorielles, représentants cultuels et élus se sont rassemblés devant la plaque sérigraphiée du 51 avenue maréchal Randon, à l’emplacement de l’ancienne caserne Bizanet, pour rendre hommage aux familles victimes.
Photos unadif38.fr
Un crime d’État en pleine Occupation
A l’été 1942, alors que Grenoble se trouve encore en zone libre, une vague d’arrestation des juifs étrangers est organisée par la police française à la demande du gouvernement de Vichy, en Isère et dans toute la zone sud.
Officiellement il s’agit d’une « opération de regroupement et d’internement » des juifs étrangers présentée comme une mesure administrative liée au contrôle des étrangers en France.
En réalité des familles entières, y compris des enfants français nés en France, sont regroupées dans cette caserne, fichées, avant d’être, pour un grand nombre, rassemblées à Vénissieux et envoyées au camp d’extermination d’Auschwitz.
Cet épisode rappelle la responsabilité propre des autorités françaises dans la persécution antisémite et la mécanique qui a conduit à la déportation et aux meurtres de masse.
Un lieu qui oblige : la plaque du 51 avenue Maréchal Randon
Discrète mais implacable, la plaque rappelle la date, les faits et les responsabilités. Elle est un point de conscience au cœur de la ville. Elle nous met en demeure de regarder l’Histoire en face et d’interroger le présent.
Cette cérémonie annuelle a pour objet de rappeler ces évènements tragiques, de se recueillir et de rendre hommage aux victimes.
La commémoration a débuté par l’intervention du chef du protocole de la ville de Grenoble, Renaud Pras, qui a, en particulier, donné lecture d’une magnifique lettre d’un commissaire de police de Toulouse, adressée à son supérieur, dans laquelle il refuse de participer aux arrestations de juifs et motive courageusement sa démission avant de passer à la clandestinité.
Dans ce texte, il justifiait son geste par ces mots : « Je ne puis mettre mon uniforme au service de l’injustice et de la persécution ».
(Cette lettre datée du 15 janvier 1943 et conservée aux archives départementales de Haute Garonne).
Sa voix rappelle que des choix furent possibles, même dans la contrainte et que certains ont su dire non à la barbarie.
Un incident regrettable
Cette cérémonie, qui devait rester un moment de recueillement et d’hommage, a été malheureusement marquée par un incident.
L’intervention officielle de Claus Habfast, qui s’exprimait au nom de la mairie de Grenoble, a pris une tournure politique en abordant la situation au Proche-Orient, à Gaza, en critiquant la politique de l’état d’Israël, sujets étrangers à l’objet de la commémoration.
Cela a entraîné le départ immédiat du président du CRIF (Eric Hattab), du porte drapeau Alex Cohen, du Rabbin ainsi que de nombreuses personnalités élues et de participants venus se recueillir.
Au-delà des convictions de chacun, il est essentiel de rappeler que ce temps de mémoire devait rester consacré aux victimes de la rafle du 26 août 1942.
Ce n’était ni le lieu, ni le moment pour une telle prise de parole, qui a été ressentie comme une provocation par les participants.
Se souvenir pour agir
Au-delà de cet épisode malheureux, il reste que la commémoration du 26 août 1942 n’est pas seulement un rendez-vous du calendrier mémoriel.
Elle rappelle qu’une société démocratique se protège en instruisant ses citoyens, en défendant le droit, en refusant les stigmatisations et en réagissant tôt face aux signes de bascule.
La voix d’un policier qui osa dire non, le souvenir des victimes, la présence des élus de la République et des associations comme des simples citoyens font résonner une conviction essentielle :
"la mémoire n’est pas tournée vers le passé, c’est notre avenir moral et démocratique."
MLLF













Merci à la Ville de Grenoble, aux associations mémorielles et à toutes celles et ceux qui se sont rassemblés pour honorer la mémoire des familles arrêtées lors de la rafle du 26 août 1942.Un moment fort de recueillement, de transmission et de conscience citoyenne. Merci aussi à l'UNADIF 38 pour ces posts toujours aussi intéressants.
Nous regrettons cependant profondément l’incident de l'adjoint au maire de Grenoble qui a marqué cette commémoration et détourné l’attention de l’hommage dû aux victimes.
Restons fidèles à l’essentiel : se souvenir de l’Histoire, rappeler les responsabilités, honorer les victimes et transmettre aux générations futures la force du « plus jamais ça ».