
Exposition
Dessins de Dachau qui sortent de l’oubli Kurt Dittmar

En parcourant l’exposition, vous verrez à quel point les dessins sont remarquables. Ils expriment toute la barbarie, la brutalité, la cruauté, la dureté de la vie d’un déporté au camp de DACHAU, semblables à ce qu’ont vécu tous les déportés dans les camps. Ceux qui sont revenus nous ont raconté ces terribles souffrances.
Ces dessins ont une histoire.
Lors de la libération du camp de DACHAU, la Croix-Rouge distribuait des colis de nourriture aux déportés, sous couvert des Américains. Chose curieuse, les déportés allemands n’avaient pas droit au colis. Robert VALLON avait un camarade et compagnon de déportation, Kurt DITTMAR, allemand de naissance et matricule 37981, qui correspond à une déportation en octobre / novembre 1942.
Kurt DITTMAR demanda à son ami de déportation de partager son colis de nourriture, ce qu’il fit volontiers. En échange, il lui donna les dessins qui représentent la vie quotidienne dans le camp et qu’il avait réalisés en cachette.
Kurt DITTMAR était dessinateur décorateur de métier, ce qui explique que la représentation est d’un réalisme exceptionnel. Son coup de crayon était précis, sublimé par des couleurs, dont on ne saura jamais comment il a pu se les procurer. Deux hypothèses sont plausibles : soit il a réussi à voler des crayons de couleur au bureau administratif, soit il a confectionné les couleurs avec de la terre ramassée dans le camp.
En faisant des recherches sur Kurt DITTMAR, nous avons eu connaissance que le 29 juillet 1942, il avait été amputé de la partie inférieure de sa jambe droite.
En parcourant l’exposition, arrêtez-vous, particulièrement, sur le dessin N° 11, où Kurt DITTMAR s’est probablement représenté avec la jambe coupée. Ne pouvant plus travailler dans la carrière, on lui avait confié des tâches administratives, derrière un bureau, où il pouvait rester assis.
Faisons un retour en arrière, les matricules 37000 étaient dans le camp depuis fort longtemps. N’oublions pas que le camp de DACHAU fut le premier camp construit par les nazis en 1933, et qu’il servit de modèle de construction à l’ensemble des autres camps.
Dans ces camps, la faim, les brimades et mauvais traitements feront des millions de morts.
De nombreux camps ont suivi : Buchenwald, Mauthausen, Dora, Bergen-Belsen, Ravensbrück, Neuengamme, Auschwitz-Birkenau et bien d’autres, dont le Struthof, seul camp en France situé en Alsace, et lieu le prochain voyage des lauréats du CNRD en juin 2025.
Ces dessins racontent la vie quotidienne concentrationnaire et nous rappellent que des femmes et des hommes, soustraits à leurs familles, ont vécu le même calvaire. Arrêtés pour des motifs raciaux, religieux ou politiques, ils ont vécu l’horreur des camps, la faim, le froid, les appels qui pouvaient durer plusieurs heures, le travail épuisant.
Ces dessins sont si justes, qu’ils nous font revivre cette vie de misère avec grande émotion.
Nous ne devons jamais oublier ce qui s’est passé dans les camps de concentration et d’extermination nazis. Le temps fait son œuvre et les survivants disparaissent.
Nos anciens nous ont légué un héritage douloureux et une mémoire à transmettre.
C’est maintenant aux filles et fils de résistants déportés d’expliquer aux nouvelles générations qui demain seront les garants de notre histoire.
C’est tout le sens de cette exposition.
Vous trouverez à proximité de chaque dessin de l'exposition un QR code qu'il vous suffira de flasher avec votre téléphone pour avoir des explications et interprétations.
Ce travail d'interprétations des dessins de Kurt Dittmar a été réalisé dans le cadre du projet "La mémoire a un avenir" par une classe de 3éme du collège Louis Aragon de Villefontaine au cours de l'année 2021-2022. Accompagnés par deux professeurs (Lettres et Histoire-Géographie) en lien avec les étudiants du BTS audiovisuel du Lycée Léonard de Vinci, la commune et le département, les élèves de 3éme ont étudié le parcours de Robert Vallon, résistant-déporté, depuis son engagement dans la résistance, son arrestation à la prison Montluc en 1944, sa déportation en juillet 1944 au camp de Dachau et son retour.
Les explications des dessins que vous trouverez dans cette exposition sont issues directement du travail des élèves.
Ce travail a aussi permis l'édition du livre "Dachau au crayon : Carnet d'artiste"