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Les enfants de Buchenwald, survivre malgré l’enfer

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

BD édition Steinkis
BD édition Steinkis

Le camp de Buchenwald, situé près de Weimar en Allemagne, a été l’un des plus grands camps de concentration nazis sur le sol allemand. Il a vu passer près de 280 000 prisonniers entre 1937 et 1945. Parmi eux, quelques centaines d’enfants et d’adolescents ont survécu, souvent grâce à des solidarités exceptionnelles. Leur histoire bouleversante mérite d’être racontée, non seulement pour ne jamais oublier, mais aussi pour saluer les actes de résistance humaine au cœur même de la barbarie.


Le "bloc 66", un refuge fragile

À Buchenwald, les enfants n’étaient pas destinés à survivre. Pourtant, en 1945, à la libération du camp, plus de 900 adolescents et enfants sont retrouvés vivants. Beaucoup d’entre eux ont été regroupés dans un baraquement spécifique : le bloc 66. Ce bloc, installé à l’écart du centre du camp, dans une zone surnommée "le petit camp", était en réalité un lieu de survie organisé clandestinement par des résistants au sein de l'organisation clandestine du camp. Le responsable du bloc, Antonin Kalina, un Tchèque, a contribué à sauver la vie de centaines d’enfants en leur évitant les sélections et en les protégeant autant que possible des brutalités quotidiennes.


Des enfants venus de toute l'Europe

Ces enfants venaient de France, de Pologne, de Hongrie, des Pays-Bas, de Tchécoslovaquie, ou encore de Russie. Certains avaient été arrêtés pour faits de résistance, d’autres raflés en tant que Juifs, Tziganes ou parce qu’ils étaient les enfants de déportés politiques. Parmi eux, plusieurs figures françaises ont marqué les mémoires, comme Elie Wiesel (prix Nobel de la paix en 1986), ou encore Loleh Bellon, future comédienne et écrivaine.


Une mémoire vivante

Pendant longtemps, l’histoire des enfants de Buchenwald est restée en marge des grands récits de la Déportation. Il a fallu les témoignages de survivants, les recherches historiques, et des œuvres littéraires ou cinématographiques pour que cette mémoire prenne toute sa place. Leur survie est un témoignage bouleversant sur la résistance morale et la solidarité dans un univers d’anéantissement.


Transmettre l’histoire

À l’heure où les témoins directs disparaissent, il est essentiel de continuer à faire vivre ces histoires. L’UNADIF 38, en lien avec ses partenaires de la Mémoire, s’engage à faire connaître cette page de notre histoire, en particulier auprès des jeunes générations. Visites de lieux de mémoire, interventions dans les établissements scolaires, partages de témoignages : autant de moyens pour que le souvenir des enfants de Buchenwald et de tous les déportés continue de résonner.


« Un enfant, ce n’est pas fait pour les camps. » Cette phrase, prononcée par un survivant (*inconnu), rappelle avec force l’absolue inhumanité du système concentrationnaire nazi. *Cette phrase a notamment été utilisée dans le cadre d'expositions sur les enfants déportés, comme celle de Serge Klarsfeld et l’Association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France (FFDJF) autour des « enfants d'Izieu » ou dans le Mémorial de la Shoah. Cette phrase ne signifie pas que d’autres y auraient leur place, mais souligne avec brutalité l’ampleur du crime : même les plus jeunes n’ont pas été épargnés.


Rappeler le sort des enfants déportés, c’est transmettre une mémoire essentielle. En racontant ces histoires, en les partageant avec les jeunes générations, nous faisons vivre cette mémoire. Et nous posons un acte de résistance contre l’oubli.


Témoignages de survivants :


🔹Élie Wiesel, futur prix Nobel de la paix, avait 15 ans à sa libération du camp. Il a raconté son expérience dans La Nuit, un livre de mémoire devenu une référence mondiale.

« J’avais le visage d’un cadavre. Je ne le savais pas encore, mais je ne l’ai jamais oublié. »


🔹Imre Kertész (1929–2016)

  • Nationalité : Hongroise

  • Déportation : Auschwitz, puis Buchenwald

  • Après-guerre : Écrivain, lauréat du prix Nobel de littérature en 2002. Son roman « Être sans destin » s'inspire de son expérience.


🔹Paul Schaffer, né à Vienne en 1924, est l’un des survivants qui a longuement témoigné dans les écoles. Il disait :

« Sauver les enfants, c’était un acte de résistance. Dans ce monde sans pitié, certains hommes ont refusé de devenir des bourreaux. »


🔹Marceline Loridan-Ivens (1928-2018)

  • Nationalité : Française

  • Déportation : Auschwitz-Birkenau, puis Bergen-Belsen et Buchenwald

  • Après-guerre : Réalisatrice, écrivaine et témoin engagée. Elle co-réalise avec Joris Ivens plusieurs films documentaires. Son livre « Et tu n’es pas revenu » évoque la perte de son père en déportation.




Pour aller plus loin : sites et ressources en ligne

Lectures recommandées :


  • La Nuit – Élie Wiesel - Récit autobiographique poignant d’un adolescent déporté à Auschwitz, puis à Buchenwald.

  • Les enfants de Buchenwald – Laure Monloubou (Éd. Oskar) - Une belle introduction pour les adolescents, illustrée et accessible dès 12 ans.

  • Je suis né dans un camp de concentration – Marko Feingold - Témoignage rare d’un homme né et élevé dans un camp.

  • L’enfant et le dictateur – Jean-Claude Moscovici - Le parcours d’un enfant juif qui a survécu aux camps et à l’antisémitisme.


Films et documentaires

  • Les enfants de Buchenwald – Documentaire de Christophe Weber (2010, Arte). Des témoignages bouleversants d’anciens déportés revenus sur les lieux.

  • Shoah – Claude Lanzmann (1985) Même si le film ne parle pas directement de Buchenwald, plusieurs témoignages de survivants enfants y apparaissent.

  • Le vieil homme et l’enfant – Film de Claude Berri (1967) Une fiction inspirée de l’enfance cachée du réalisateur, avant sa déportation.


Bandes dessinées

  • Maus – Art Spiegelman Classique incontournable, retraçant l’histoire de la Shoah à travers le récit du père de l’auteur, rescapé d’Auschwitz.

  • Les Enfants de Buchenwald - Par Dominique Missika et Anaïs Depommier (Ed. Steinkis)


Ils s’appelaient Élie, Paul, Jean-Pierre, Marcel, Fishel, Loleh…Ils avaient 12, 14 ou 16 ans. Arrachés à leur enfance, jetés dans l’univers concentrationnaire, ils ont survécu grâce à d’autres déportés qui, au péril de leur vie, ont fait acte d’humanité.

Aujourd’hui, leur mémoire vit encore, à travers les livres, les récits, les films – et grâce à tous ceux qui s’engagent à transmettre leur histoire.

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