À mon cher oncle Marcel – Lettre à un Résistant oublié
- Philippe BERG
- 12 mai
- 2 min de lecture

Par ce texte profondément émouvant, Lydia Athurion (membre de l'UNADIF 38) rend hommage à son oncle Marcel Moïse Benkemoun, résistant du Vercors, déporté en 1943.
Cette lettre, rédigée aujourd’hui avec le cœur, vient réparer un silence familial et restituer à ce combattant la place qu’il mérite dans notre mémoire collective.
Membre du conseil d'administration de l'UNADIF, Marcel Moïse Benkemoun, a été décoré de la médaille militaire (par Jean Violette, président de l'UNADIF), de la croix de guerre avec palmes et de la croix du combattant volontaire au titre de résistant et déporté.
A mon Cher Oncle Marcel,
Marcel Moïse Benkemoun
Né en 1893 à Alger tu es mobilisé lors de la 1ère guerre mondiale, blessé tu es décoré de la Médaille Militaire – Croix de Guerre 1914-18. Ton choix de vie est fait, tu t’installes à Grenoble au 10, rue Millet, hélas tes liens familiaux s’estompent.
Lors de la 2ème guerre mondiale le 01.01.1943 tu rejoins le maquis affecté au PC Civil. Incorporé dans le groupe des Francs Tireurs tu assures les fonctions, renseignements propagandes ;
Dénoncé, tu es arrêté par la Gestapo au Café Quezel (peut être maintenant le Café des Négociants) 5, cours Berriat à Grenoble puis tu es transféré à DRANCY et déporté le 27/03/1943 à Auschwitz, wagon « 70 ». Protégé par un médecin allemand tu seras libéré en Mai 1944, tu te maries dans la foulée avec Clémentine DAVID.
Ta santé est altérée en tant que déporté résistant tu es pensionné à 100%. Je suis prise de vertige en lisant les pathologies dont tu souffres.
Tu es proposé à la plus haute distinction « officier de la légion d’honneur » dont tu es décoré le 06/04/1963 à cette occasion une cérémonie intime et discrète qui te ressemble. Tu décèdes le 08/01/1967 et est inhumé dans le caveau familial de Clémentine David au Cimetière des Grands Sablon Saint ROCH.
Tu n’as pas de descendance mais nos vies sont liées : d’après mes parents tu souhaitais m’adopter compte tenu de leur contexte familial difficile, ça ne s’est pas fait.
Le Souvenir Français t’a découvert dans ma généalogie, m’a interrogée souhaitant obtenir des renseignements complémentaires sur ton engagement de « combattant ».
Depuis Janvier dernier j’ai pu retracer ton parcours, obtenir tous les documents qui alimentent ton « histoire ». C’est avec émotion que je t’ai découvert et avec tristesse et regret que notre famille soit restée dans l’indifférence, n’ait pas pris la mesure de ton héroïsme. Je ne t’ai vu qu’une seule fois mais j’ai vécu pendant ces recherches avec toi, je t’ai interrogé car j’aurais aimé en savoir davantage sur ce passé glorieux, ces papiers officiels impersonnels et sans âme n’ont pas répondu à mon attente.
Je suis déterminée à te donner la place que tu mérites pour que la postérité n’oublie pas tes sacrifices et ton amour de notre pays. Tu as pris une place de choix dans mon cœur mon cher « Tonton Marcel ».
Lydia ATHURION
Le 05/052025
Merci à Lydia pour cette lettre poignante. Elle rend hommage à tous ces résistants oubliés dont la mémoire mérite d’être ravivée.
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Il n'y a plus grand chose à ajouter à ce beau témoignage . Il nous rappelle cependant que de nombreuses personnes ont accompli dans l'ombre et sans autre guide que leur conscience, leur sens de l'honneur et leur patriotisme le sacrifice de leur vie. C'est donc l'honneur de l'UNADIF de rechercher inlassablement à retrouver ces femmes et ces hommes, de permettre à leurs familles et à ceux qui s'en souviennent, de retracer leur parcours. Pour leur rendre hommage bien-sûr et pour que leur exemple éclaire les nouvelles générations.
Profondément émouvant et essentiel votre témoignage que vous avez partagé à propos de votre oncle Marcel Moïse BENKEMOUN , résistant et victime de la barbarie nazie. Votre parole MNE LYDIA ATHURION nous rappel que derrière chaque nom, chaque matricule gravés dans l'histoire des camps, il y avait un être humain debout, un homme de conviction, un citoyen qui à dit non à l'oppression. Ce récit personnel est une lumière précieuse dans le devoir de transmission.
Admiration émue et profond respect.
Jacques MALERBA
Ce témoignage est à la fois poignant et inspirant. Il met en lumière la bravoure et la résilience d’un homme qui a, malgré les épreuves les plus difficiles, su défendre ses valeurs et son pays. La lettre de Lydia nous rappelle combien il est important de transmettre la mémoire de ceux qui, par leur courage discret, ont façonné notre histoire. Un bel hommage à Marcel, dont le parcours mérite d'être célébré et partagé pour que son héritage de résistance ne soit jamais oublié.
Très bel hommage, émouvant par sa sincérité et sa dignité ! Votre oncle, Lydia, a toute sa place dans la transmission que l'UNADIF 38 promeut pour ne pas oublier ceux qui, quelles que soient leurs origines, ont défendu l'honneur et la liberté de la France. Merci pour votre témoignage.