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Conférence à la Préfecture de l’Isère le 7 avril 2025 : « Le procès de Klaus Barbie, enfant du fanatisme » par Jean-Olivier Viout

Dans le cadre du 80e anniversaire de la libération des camps de concentration nazis, la Préfecture de l’Isère, sous l’impulsion de Madame Catherine Séguin, préfète de l’Isère, a organisé en partenariat avec l’UNADIF 38 une conférence mémorable le lundi 7 avril 2025 dans les salons de la préfecture.

Cette rencontre, intitulée « Le procès de Klaus Barbie, enfant du fanatisme », a été brillamment animée par Jean-Olivier Viout, procureur général honoraire de Lyon et procureur-adjoint lors du procès de Klaus Barbie en 1987.


Un orateur remarquable pour un sujet essentiel

Dès les premières minutes, Jean-Olivier Viout a captivé l’auditoire par la clarté de son propos, la rigueur de son analyse, et la profondeur de sa réflexion. Sa conférence, très structurée, a permis de retracer avec précision le parcours de Klaus Barbie, tout en posant une question fondamentale : comment devient-on fanatique ?

« On ne naît pas fanatique, on le devient », a-t-il rappelé d’emblée, en évoquant la jeunesse de Barbie, qui perd son père en 1933, un élément déclenchant car il se retrouve sans repère. Aussi il s’engage rapidement dans les Jeunesses hitlériennes. Repéré pour son zèle et sa cruauté, il gravit rapidement les échelons au sein de la SS, jusqu’à devenir chef de la Gestapo à Lyon pendant l’Occupation. Il y sera l’auteur de nombreux crimes : arrestations, tortures, exécutions sommaires, et bien sûr la rafle de la Maison d’Izieu, où 44 enfants juifs furent arrêtés puis déportés. Aucun ne survivra.


De la guerre froide à la justice française

Après la guerre, Klaus Barbie échappe à la justice grâce à la complicité des services américains, qui voient en lui un allié potentiel dans la lutte contre le communisme. Il est exfiltré, quelques années plus tard en Bolivie sous une fausse identité et mène une vie paisible en tant que consultant auprès des dictatures militaires boliviennes, souvent proches du modèle nazi.

C’est grâce à l’action tenace de Serge Klarsfeld et de sa femme Beate que Barbie est finalement retrouvé. Après de longues années de pression politique et judiciaire, il est extradé vers la France en 1983, lorsque la Bolivie revient à un régime démocratique.


Le procès Barbie : un moment fondateur de la mémoire

À son retour en France, à la demande de Robert Badinter, Barbie est incarcéré à la prison de Montluc, lieu même de ses crimes.

Son procès s’ouvre à Lyon en 1987, devant la Cour d'assises du Rhône, un moment historique pour la justice française. Jean-Olivier Viout y joue un rôle central en tant que procureur-adjoint.


Klaus Barbie est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour crimes contre l’humanité.

Des extraits vidéos du procès, projetés au cours de la conférence, ont fortement ému les participants. Ces images datées de 1987 ont ravivé la mémoire des témoignages bouleversants des survivants, apportant une dimension poignante à cette conférence.


Un témoignage, celui de Sabine Zlatin, directrice de la Maison d’Izieu, résonne encore aujourd’hui avec force et indignation. Le 27 mai 1987, face à la Cour, elle interpelle :


« Barbie a toujours dit qu’il s’occupait uniquement des résistants et des maquisards, ça veut dire des ennemis de l’armée allemande. Je demande : les enfants, les quarante-quatre enfants, c'était quoi ?! C’étaient des résistants ? C’étaient des maquisards ? Qu’est-ce qu’ils étaient ? C’étaient des innocents ! »


Ces mots, empreints de douleur et de vérité, nous rappellent pourquoi il est indispensable de faire vivre la mémoire, et d’enseigner aux générations futures que la justice, lorsqu’elle fait son œuvre, est un acte de résistance contre l’oubli.


Une assistance attentive et engagée

Parmi les participants figuraient des élus, Madame Sandrine Martin-Grand, Vice-présidente du Conseil Départemental, Madame Cécile CLERY-BARRAUD directrice départementale de l'Office National des Combattants et Victimes de Guerre, de Monsieur Jean Papadopulo, président de la CAPI, du Général Frédéric Massip du groupement de gendarmerie de l’Isère, de Monsieur Soldeville, représentant le maire de Grenoble, Daniel Huillier, ancien résistant dans le Vercors, alors âgé de 15 ans, des membres de l’UNADIF 38 et leur président, Jean-Paul Blanc.


Le président Jean-Paul Blanc a introduit la conférence avec gravité et émotion.




 

À travers cette conférence, l’UNADIF 38 et la Préfecture de l’Isère ont réaffirmé leur engagement dans la transmission de la mémoire et la défense des valeurs républicaines.

Le souvenir du procès de Klaus Barbie, tout comme les visages des enfants d’Izieu ou les cris étouffés de Montluc, restent des avertissements solennels contre toutes les formes de fanatisme.


Faire vivre la mémoire, c’est aussi comprendre comment le fanatisme naît et se propage. La justice reste un rempart essentiel contre l’oubli.

 

 

🔎 Pour aller plus loin :


📽️ Vidéo du procès de Klaus Barbie (INA, 1987)


📚 Lectures recommandées

  • Le Nazi de la Gestapo, Serge Klarsfeld

  • Klaus Barbie. La route du rat, Guy Penaud


🎧 Podcast

28 févr. 2023 ➡️ Interview de Jean-Olivier Viout


🎬 Documentaire : Hôtel Terminus : The Life and Times of Klaus Barbie, de Marcel Ophüls – Oscar du meilleur documentaire, 1988

 
 
 

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