Ô Terre de Détresse - EquiNoX Fort Barraux 10 Avril 2025
- Philippe BERG
- 12 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 avr.
Dans le cadre du 80e anniversaire de la Libération des camps, l’UNADIF 38 a organisé ce jeudi 10 avril un concert exceptionnel dans la salle Vauban du Fort Barraux.
Intitulé Ô Terre de Détresse, ce concert propose un voyage musical bouleversant au cœur d’un pan méconnu de l’histoire concentrationnaire nazie : la présence de musique dans les camps de concentration et les centres de mise à mort.
Jouée par des orchestres de détenus sous les ordres des SS, la musique fut mise au service de la machine de destruction : elle rythmait les déplacements des Kommandos de travail, accompagnait les exécutions, servait de punition, ou encore divertissait les bourreaux.
Mais elle résonnait aussi parfois dans les blocs, lors de moments tolérés ou clandestins, offrant aux détenus une forme de résistance spirituelle et artistique.
Ce concert rend hommage à ces voix étouffées mais jamais éteintes.
À travers ce voyage musical, nous souhaitons rappeler l'importance du devoir de mémoire et rendre hommage à celles et ceux qui, même dans l'obscurité, ont su faire résonner des notes d'espoir et de liberté.
Un hommage poignant et d’une grande intensité artistique
Interprété par l’Ensemble Vocal EquiNoX, ce concert a profondément touché le public.
Créé en 2014 par Anne Laffilhe, cheffe de chœur et d’orchestre, cet ensemble réunit des hommes et des femmes passionnés de chant choral, venant de toute l’Isère. Ils partagent un haut niveau d’exigence musicale, un goût pour les répertoires exigeants, et une sensibilité artistique tournée vers des projets porteurs de sens.
Formé de choristes amateurs expérimentés, EquiNoX explore avec engagement aussi bien les œuvres du répertoire classique que des créations contemporaines, souvent en collaboration avec des instrumentistes ou d’autres formations musicales. Ce chœur mixte se distingue par la cohésion de ses voix et la profondeur de son interprétation, toujours au service de la dimension humaine des œuvres.
La direction musicale, sobre et d’une grande justesse d’Anne Laffilhe, a permis d’exprimer toute l’émotion et la puissance contenues dans ces chants issus de l’univers concentrationnaire.
L’accompagnement à l’accordéon était assuré par Jean-Luc Manca, musicien au parcours remarquable. Lauréat de plusieurs prix internationaux — dont la Coupe mondiale de l’accordéon à Linz —, il mène une carrière de concertiste international tout en enseignant au Conservatoire de Grenoble.
Formé notamment en Russie auprès du grand F. Lips, il est reconnu pour la richesse expressive de son jeu.
Son interprétation, tout en nuances, a magnifiquement soutenu les voix du chœur et apporté une profondeur supplémentaire à chaque pièce.
Chaque intermède musical était introduit et éclairé par Élise Petit, musicologue, maîtresse de conférences à l’Université Grenoble Alpes, spécialiste des politiques musicales sous le IIIe Reich.
Elle a su replacer avec clarté et profondeur chaque pièce dans son contexte historique, offrant au public une véritable compréhension de ce que fut la musique dans l’univers concentrationnaire.
Nous remercions chaleureusement la mairie de Barraux pour la mise à disposition gratuite de la salle Vauban du Fort Barraux, cadre remarquable qui a largement contribué à la solennité et à l’intensité émotionnelle de ce moment.
Photos Unadif38
Une soirée mémorable… à revivre à Grenoble
Ce moment intense au Fort Barraux restera gravé dans les mémoires.
Pour celles et ceux qui n’ont pas pu y assister, une deuxième représentation du concert est prévue le mardi 22 avril à 20h30 au Musée de Grenoble.
Ne manquez pas cette occasion rare de rendre hommage, par la musique, à celles et ceux qui ont su faire résonner des notes d’espoir et de dignité, même dans l’enfer des camps.
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